EAT, SLEEP, DIE

EAT, SLEEP, DIE
Durée: 01:44:00
Date de sortie: 0000-00-00
Réalisé par: Gabriela PICHLER
Acteurs: Nermina Lukac, Milan Dragisi, Jonathan Laminen, Peter Fält, Ruzica Pichler
Producteur:
Scénariste: Gabriela PICHLER
Pays: Suède
Genres:
Année de production: 2012
Distributeur:
Synopsis: « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » Laurence Parisot, présidente du MEDEF Il faudrait ligoter Madame Parisot sur un fauteuil et la forcer à regarder d’un bout à l’autre ce formidable petit film suédois qui dit bien la souffrance, le déchirement, l’effondrement que peut représenter un licenciement brutal dans la vie d’une jeune femme dont l’identité sociale, dont les relations humaines, bref dont la vie est basée sur son travail. L’héroïne de ce bouleversant Eat, sleep, die s’appelle Asa, c’est une jeune ouvrière d’origine monténégrine qui vit au sud de la Suède avec son père malade qu’elle soutient de ses soins et de sa bonne humeur inébranlable. La vie d’Asa tourne essentiellement autour de son travail dans une usine d’empaquetage de légumes : un boulot à la chaîne pas franchement épanouissant mais dans lequel, toujours positive, elle trouve satisfaction et oui, épanouissement. Asa est fière de ses performances, de sa rapidité, de sa capacité à soupeser à l’instinct 175 grammes de roquette, ou à mettre en cartons à une vitesse record quelques barquettes de salades. C’est une ouvrière appréciée de ses patrons pour son sérieux et de ses collègues pour son humeur toujours au beau fixe. Et l’ambiance est franchement conviviale autour de la chaîne d’emballage : les Thaïlandaises rivalisent avec les Bosniaques en chansons de leur pays respectif, incompréhensibles d’une communauté à l’autre mais qui font plaisir à entendre. Jusqu’au jour où survient l’impensable : les ouvriers sont réunis, le responsable de l’usine leur explique brutalement que les critères de productivité décidés quelque part, loin d’ici, à Göteborg, Stockholm ou peut être même à l’étranger, impliquent le licenciement d’une partie du personnel. Période d’attente et d’angoisse : qui sera sur la liste noire ? Quelques jours plus tard, le contremaître entre silencieusement dans l’atelier, s’approche doucement de celles qui seront dans la charrette. Et quand elle sent sa présence derrière elle, Asa préfère fuir à travers champs plutôt que d’entendre ce qu’elle ne peut accepter. Commence alors la période de chômage, les démarches, les convocations, les réunions de soutien psychologique aux personnes licenciées où une assistante sociale demande à chacun de décrire ses qualités et ses hobbies, les bonnes raisons qui pourraient amener un employeur à les embaucher… Cruels jeux de rôles où les dés sont pipés… Et puis il y a les anciennes collègues, celles qui ont gardé leur boulot, qui deviennent de plus en plus distantes. Et puis il y a le racisme de moins en moins latent, de plus en plus flagrant : jusqu’ici Asa n’avait pas souffert d’être musulmane, mais ça change… Sans négliger les autres licenciés, dont certains sombrent – un vieux syndicaliste qui s’en veut d’avoir laissé faire et qui oublie dans l’alcool, un tout jeune collègue qui a accepté un travail dans un abattoir et qui en pleure de dégoût – la réalisatrice s’attache avant tout au vibrant combat d’Asa pour sa survie. Lumineuse Asa, incarnée par l’extraordinaire Nermina Lukac (actrice non professionnelle), qui veut tout faire pour rester au pays et soutenir son père dont elle ne veut plus qu’il se ruine la santé à aller bosser au black en Norvège. S’il y a une telle justesse, une telle empathie dans le regard de Gabriela Pichler sur ce qu’on a encore le droit d’appeler la classe ouvrière, c’est probablement qu’elle est devenue réalisatrice presque par accident, quittant un emploi dans une usine de biscuits pour faire des études de cinéma. De son expérience atypique, de sa sensibilité, de ses tripes et de l’amour sincère qu’elle porte à son prochain, Gabriela Pichler a tiré un petit bijou d’humanité.
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