AMAMA

AMAMA
Durée: 01:43:00
Date de sortie: 0000-00-00
Réalisé par: Asier ALTUNA
Acteurs: Iraia Elias, Amparo Badiola, Kandido Uranga, Ander Lipus, Manu Uranga, Klara Badiola
Producteur:
Scénariste:
Pays: Pays Basque
Genres:
Année de production: 2016
Distributeur:
Synopsis: Amama, c\'est l\'un de ces « petits » films – petit parce qu\'autoproduit, très peu médiatisé, repéré et diffusé, avec des moyens limités mais une passion sans borne, par nos cousins du cinéma l\'Atalante à Bayonne – qui procurent pourtant de grandes et belles émotions, qui apportent le plaisir incomparable de la découverte. Un film dont la modestie revendiquée contraste avec la forte empreinte qu\'il laisse sur nous. Un film profondément ancré dans un territoire, le Pays Basque sud, dans sa culture, mais qui aborde en filigrane de nombreuses questions tout à fait universelles, interroge le monde tel qui va, esquisse le portrait d\'une génération s\'éloignant inexorablement et douloureusement du passé qui l\'a vue grandir, sans pour autant parvenir à s\'enraciner ailleurs. Amama nous immerge donc au cœur de la campagne basque (d\'une beauté renversante), et nous conte l\'histoire d\'une ferme transmise de père en fils selon des rites ancestraux perpétués de génération en génération. À chaque nouvelle naissance, un arbre est planté, comme pour enraciner dans sa terre l\'enfant qui vient d\'arriver : avant même qu\'il ait pu découvrir le monde qui sera le sien, sa place y est déjà définie. La grand-mère de la famille, l\'amama du titre basque, détermine le caractère de chaque enfant avant même sa naissance : celui-ci sera le fort, le travailleur, celui qui reprendra la ferme et en perpétuera l\'héritage ; celui-là sera le faible, l\'oisif, le dilettante sur lequel on ne pourra pas compter ; celle-ci sera la rebelle, la méchante. À chacun de ces caractères est assignée une couleur, de laquelle l\'amama peint l\'arbre de chacun des enfants, marque indélébile d\'un destin immuable. Si l\'image est magnifique de ces arbres peints au cœur de la forêt luxuriante, on imagine le poids étouffant de cette tradition sur les enfants concernés, la charge de la responsabilité portée par celui sur qui repose l\'avenir de la ferme, la frustration des autres, et l\'impossibilité d\'échapper à un destin écrit à l\'avance. C\'est pourtant le choix ô combien transgressif que fait Gaizka, l\'ainé de la famille, programmé pour reprendre la ferme : refuser le diktat de la tradition et partir vivre à l\'étranger. C\'est par les yeux et la voix d\'Amaia, la benjamine de la famille dont l\'amama a prédit le caractère rebelle, que nous découvrons l\'histoire de cette famille, et les conséquences de la décision de son frère aîné. Amaia a quitté la ferme pour vivre en ville mais elle continue d\'y venir régulièrement et conserve un attachement profond aux traditions familiales qui sont le terreau de son travail d\'artiste. Elle ne peut plus se taire face à son père qui parle si peu, et qui s\'échine sans répit aux travaux de la terre, comme pour masquer sa souffrance de voir ses enfants s\'éloigner et l\'univers qu\'il a toujours connu lui échapper. Sous le regard à la fois implacable et étrangement bienveillant de l\'amama aimée et redoutée, que la vieillesse a privée de la parole mais dont l\'œil reste perçant – l\'actrice est magnifique, visage parcheminé qui porte toutes les joies et toutes les douleurs du monde –, Amaia et sa famille affrontent l\'inéluctable désagrégation du monde tel qu\'ils l\'ont toujours connu, et la difficulté d\'un indispensable renouvellement. Observateur du conflit entre les générations, témoin de la difficulté de concilier les traditions et le libre-arbitre, Asier Altuna creuse avec Amama un sillon fertile en émotions et en symboles, dont la beauté des images et la portée des questionnements vous poursuivront longtemps. Je n\'avais en tout cas pas souvenir d\'avoir été aussi ému en voyant, sur un écran de cinéma, un arbre repousser…
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